Inséparables - Intersaison 2008

Publié le par Françoise

Trois semaines après le Masters, Tsonga et Simon ont repris le travail dans les Pyrénées. Ensemble.

SI GILLES SIMON a participé à la totalité des activités avec la douzaine d’autres « invités » du stage hivernal organisé par la FFT dans le sud de la France (1er-12 décembre), Jo-Wilfried Tsonga a bénéficié d’un traitement beaucoup plus personnalisé. Arrivé le jeudi 4 au soir, il a raté la sortie VTT, qui a demandé aux participants l’effort le plus « féroce » du stage (dixit Paul Quétin, le maître d’oeuvre), et la nuit passée dans un refuge en montagne. De même, hier, Tsonga a fait ses propres gammes, le matin au step (exercices aérobiques), l’après-midi sur le court rapide en plein air tant le soleil brillait. Après un déjeuner pris en groupe, comme tous les repas, ce fut l’occasion de faire un point avec les deux hommes, 6e et 7e mondiaux, au profil assez différent.

PIANO OU TURBO ?
Tsonga est en retard de forme sur les autres, mais il ne voulait surtout pas s’en formaliser : « Je suis le gars qui revient de vacances, qui a repris l’entraînement depuis quelques jours, qui ne se pose pas la question de savoir : “Est-ce que mon tennis est bien en place ?” Tous les jours, j’essaie d’apporter de nouveaux trucs qui vont me faire progresser. » On a envie de savoir quoi : « Ça ne regarde que moi », répond Tsonga d’une voix pourtant très douce. Gilles Simon, lui, avait besoin de se rassurer : « Sur ma condition physique, ma résistance, montrer que je suis encore capable d’enchaîner dix jours d’efforts intensifs. » C’est chose faite : « Je peux continuer à faire de bonnes séances malgré la fatigue. » Tulasne, son coach, est admiratif : « Gilles est passé directement de ses vacances à l’île Maurice dans un cinq étoiles à une randonnée en montagne en raquettes, dormant dans un refuge, dans le froid avec juste une couverture qui pique… Qu’il garde cette simplicité, cette confiance, cet état d’esprit et ça va être super. »

CACHÉ OU GROUPÉ ?
À l’aise avec les autres, Tsonga ne nie pas les vertus du travail en solo : « J’ai eu la chance de bénéficier quand j’étais jeune du contact des meilleurs Français et c’est la moindre des choses que de rendre la pareille. Par ma façon d’être, de m’entraîner, si je peux montrer à certains jeunes comment il faut faire pour être performant, c’est avec plaisir. Mais j’établis des plages personnelles, parce que c’est un sport individuel et que j’ai envie de faire “mes” trucs à moi. On est chacun de notre côté, quand même. J’ai envie de faire une bonne saison l’année prochaine, donc je me prépare un peu dans mon coin pour être au top. » Mais heureusement que Gilles Simon n’était pas toujours isolé à Saint-Cyprien… « Quand on se tape des côtes à vélo, des marches en montagne, c’est mieux d’être tous ensemble que tout seul avec son iPod sur les oreilles. Quand on est là tous ensemble, on est sur un pied d’égalité. Le seul exemple que je puisse donner, c’est celui de l’attitude. Quand je suis sur un vélo, ce n’est plus moi qui tire les autres vers le haut, ce sont eux qui le font. »Arrivé bon dernier, avec une heure de retard sur le premier, le jour de l’ascension du col de l’Ouillat (936 m), Gilles Simon aurait pu être touché dans son ego tant il a souffert. Trois jours après, il en rit : « Je prends le vélo, je me déchire jusqu’au bout, je suis irréprochable, même si je ne suis pas bon. Je n’ai pas besoin d’être Lance Armstrong pour être bon au tennis. »

NUMÉRO 1 SINON RIEN ?
Pour un peu, Tsonga s’étonnerait qu’on fasse allusion à son parcours jusqu’en finale de l’Open d’Australie : « J’ai eu des fortes sensations avant l’Open d’Australie 2008, mais je ne me dis pas : “On m’attend .” C’est rentré dans mon fonctionnement. La seule limite qu’il puisse y avoir dans un classement, c’est la place de numéro 1. J’ai toujours visé ça pour être le meilleur possible. Tant que je n’y serai pas, j’aurai toujours envie d’y être. » Quant à l’appétit de Gilles Simon, il semblait moins pantagruélique : « Le top 10, c’est une des dernières étapes. Il ne reste plus beaucoup de monde devant. On a continuellement besoin d’avoir de nouvelles ambitions. Mais numéro 1 mondial, non, c’est trop tôt. J’ai pris conscience que je pouvais battre les meilleurs joueurs du monde. Mais ce qui est sûr et certain, c’est que je ne peux pas rivaliser avec eux sur l’ensemble d’une saison. Quand on voit la densité physique qu’il faut, et mentale aussi, je ne me sens pas encore capable d’évoluer à ce niveau-là. Mes objectifs vont être plus “simples” : faire péter un Grand Chelem. Parce qu’un objectif sur une semaine ou deux est à ce jour plus accessible pour moi. »

OUVERT OU FERMÉ ?
Tsonga veut bien répondre aux questions mais seulement lorsque la « fenêtre médiatique », chère à Cédric Pioline en son temps, est ouverte. « Quand on a un programme, et que ça débarque, ça nous dit qu’il faut faire une photo, j’ai envie de ne dire qu’une chose : “Laissez-moi faire mon boulot tranquille.” (…) En moucher un ou deux (journalistes), ça me fait quand même plaisir. » Et vous, Gilles Simon, les médias, ça vous saoûle ? Réponse : « Oui ! Ça empiète un peu sur ma tranquillité, mais j’essaie de le gérer au mieux. » Il a pris une attachée de presse, l’ancienne joueuse Sarah Pitkowski. « Ça l’oblige à faire des choix, souligne Tulasne. C’est important qu’avec la presse il se montre tel qu’il est, pas comme quelqu’un qui se protège. »

DOMINIQUE BONNOT - L'Equipe, 9.12.08

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