Simon, un an après - Marseille 2008

Publié le par Françoise

undefined
Depuis son premier titre ATP à Marseille en 2007, le Français a progressé au point d’avoir intégré le groupe Coupe Davis.

IL N’A PAS L’AIR EN FORME, Gilles Simon. L’oeil brillant, la mine chiffonnée, les cheveux en bataille et un gros manteau sur le dos, dans le salon des joueurs largement ensoleillé du palais des sports de Marseille, il attend l’heure de disputer (et de gagner) un double avec Marin Cilic face à une autre paire franco-croate, Ancic- Grosjean.

Arrivé dimanche soir de Sibiu, le matin il a tapé la balle avant de se recoucher. Attendu demain pour son premier match face à David Guez (wild-card, 173e), le tenant du titre n’a pas voulu renoncer au double : « J’ai un gros chantier à travailler à la volée et puis c’est bon de transpirer. Si j’étais à l’agonie, rassure-t-il, je n’aurais pas joué. » Et d’ajouter, à l’attention de ceux qui pensent qu’il va retomber loin au classement s’il perd au premier tour : « Si c’est le cas, je me retrouverai au pire sept places derrière, soit trente-septième. Ça ne va pas changer grand chose ! »

D’ailleurs, lui et Tulasne, son entraîneur depuis un an jour pour jour, ont décidé d’effacer à l’avance de leur mémoire les points acquis ici l’an dernier, pour se donner l’illusion de repartir de zéro. « C’est une façon plus optimiste de considérer les choses, dit Simon. La seule certitude est que je ne pourrai pas monter au classement cette semaine. Voilà, tant pis ! Je joue bien en ce moment. Mon objectif est d’être tête de série aux Masters Series d’Indian Wells et de Miami (parmi le top 32) pour bénéficier d’un “bye”. Je pars pour une longue série de tournois : Marseille, Rotterdam, Zagreb, Dubaï, avant les deux Masters Series. Faut que ça tombe quelque part, pas forcément ici, même si c’est un tournoi où je me suis toujours senti super bien. J’aime l’ambiance, et la surface convient à mon jeu. »

Une façon comme une autre de se décharger de toute pression à l’heure de défendre son premier titre acquis sur le circuit, l’an dernier, alors qu’il venait de rompre avec son coach, Jérôme Potier. Il était alors classé 58e et restait sur une série de huit défaites en neuf matches. De bons résultats et un autre titre à Bucarest lui ont permis de terminer l’année 2007 en troisième position de la hiérarchie française à l’ATP, vingt-neuvième, derrière Richard Gasquet (8e) et Paul-Henri Mathieu (25e).

Bien dans la Coupe


En début d’année, Gilles Simon a perdu au premier tour du tournoi d’Adélaïde, contre Llodra, futur vainqueur, puis au deuxième à Sydney, éliminé par Berdych,« qui est encore supérieur à lui », reconnaît Tulasne. À l’Open d’Australie, « Poussin », surnom dû à sa frêle silhouette, a joué les durs en résistant à Nadal au troisième tour, « surtout aux premier et troisième sets », rappelle Tulasne.

La semaine dernière, il a été invité par Guy Forget à se joindre à l’équipe de France, en campagne à Sibiu, en Roumanie. Une aventure dont il rêvait depuis longtemps. Il l’avait d’ailleurs clairement fait savoir au capitaine l’an dernier, car il n’est pas du genre à garder sa langue dans sa poche. « Je n’étais pas dans les quatre (officiellement sélectionnés), dit Simon, mais dans les cinq et j’ai fait mon job du mieux possible. D’abord, en essayant de montrer que j’étais prêt à jouer et puis, ensuite, en soutenant mes partenaires. »Ce serait d’ailleurs au bord du court qu’il aurait attrapé « une espèce de grippe » avec mal de gorge, fièvre (hier), frissons, etc.

Apparemment, sa rencontre avec le groupe France s’est très bien passée. Tulasne est fier de dire qu’il a reçu plein de SMS des membres du staff pour exprimer leur satisfaction au sujet de son poulain. Gilles Simon, de son côté, s’y est bien plu : « J’étais content d’y être. Ni surpris ni déçu. C’était conforme à ce que j’attendais. » En espérant davantage : jouer. Il y croit d’autant plus qu’il est très copain avec Jo-Wilfried Tsonga. Ils ont chacun leur duo d’entraîneurs tennis et physique fédéraux (Tulasne-Quétin pour Simon ; Winogradsky-Brechbuhl pour le finaliste de l’Open d’Australie), ça crée des liens. Et, si 23 kilos les séparent (67 contre 90), ils ont moins de quatre mois de différence. Simon est né le 27 décembre 1984 et « Jo », le 17 avril 1985.

« Nous avons fait tout notre parcours ensemble – dans la fameuse filière fédérale – de Poitiers au CNE, en passant par l’INSEP. À un moment, il ne restait plus que nous », ironise-t-il, en faisant sans doute allusion à la fuite des espoirs fédéraux du côté du Team Lagardère. Pour lui l’exemple de Jo est parlant : « Ce qu’il a fait, je suis persuadé que je peux le faire », lâche-t-il simplement. Pourquoi pas ? Depuis cinq ans, il n’a pas cessé de progresser au classement, et comme le dit Tulasne : « Il a encore plein de choses à améliorer. » Qu’il pourrait détailler par le menu, bases de statistiques en main, mais que son élève résume ainsi : « Essayer de jouer juste, ne pas m’enfermer au fond du court. »
DOMINIQUE BONNOT  - L'Equipe, 12.02.2008

Publié dans Articles

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article