« J'affiche simplement mes ambitions » - décembre 2007

Publié le par Françoise

Gilles Simon a confiance en lui et n'hésite pas à le dire. Surtout après une saison 2007 qui l'aura vu terminer à la 29e place mondiale, soit son meilleur classement. Vainqueur des deux premiers titres de sa jeune carrière, à Marseille et Bucarest, le protégé de Thierry Tulasne ambitionne de frapper aux portes du Top 15 en 2008. Affûté après un stage à Saint-Cyprien, Simon sait toutefois qu'il devra franchir un cap dans les tournois du Grand Chelem pour atteindre son objectif. Entretien.

Pour débuter, comment s'est passé le stage de préparation physique à Saint-Cyprien ??
Dans l'ensemble, tout s'est très bien passé. C'était un stage vraiment agréable, plutôt long, contrairement aux autres années et avec une grosse dizaine de joueurs de tous les âges et de tous les niveaux. L'ambiance était formidable, c'était très sympa. Cette année, c'était à part car on a réussi à organiser le stage à Saint-Cyprien, ce qui nous a permis de nous entraîner dehors. C'était un avantage non négligeable pour ceux qui vont en Australie.

Comment s'est passée l'intégration de joueurs comme Stéphane Piro, classé 1230e à l'ATP ?
Ce qui est justement bien dans ces stages-là, c'est que cela permet à tout le monde de s'entraîner et de vivre ensemble au quotidien. Sur l'année, on ne se voit pas beaucoup à part ceux avec qui on s'entraîne et avec qui on joue les tournois. Dès janvier, les joueurs partent un peu partout. Certains iront disputer des Futures en Espagne, d'autres s'envoleront pour l'Australie. Moi aussi, j'étais à la place de ces joueurs comme Stéphane Piro, en faisant des stages face à des gars qui étaient 30e alors que j'étais 1200e. Cela permet de se rapprocher, de prendre confiance en soi. C'est bien pour tous ces jeunes.

Le stage était-il uniquement basé sur le physique ? Le tennis n'était pas au programme ?
Si. C'est d'ailleurs une des choses qu'on a intégrée cette année dans le stage. Avec le temps, on a pu jouer dehors. Sur un stage long comme celui-là, le tennis a vraiment sa place. On faisait de belles journées. On alternait avec des blocs de deux journées sur place au grand stade avec un travail axé sur le tennis, la musculation, le footing. Ensuite, on faisait des journées où on partait en montagne, avec des randonnées, des nuits passées en gîte, des grosses séances de VTT, du canyoning. C'était sympa.

"Au début, jouer des Top 10, ça impressionne"
Quelle est maintenant la suite de votre programme ?
Après avoir fait une semaine d'entraînement à Roland-Garros, je vais partir dès le 21 décembre pour l'Australie. Là-bas, j'aurai une petite dizaine de jours pour me préparer pour mon tournoi de rentrée.

Revenons un peu sur votre saison passée, marquée par vos deux premiers succès sur le circuit, à Marseille et Bucarest. Avec le recul, quel regard portez-vous sur 2007 ?
Cela aura été une super année, celle de mon premier titre à Marseille. Un moment incroyable et inoubliable... Ces titres ont représenté une étape dans ma progression, dans mon évolution. Ça donne envie de faire de belles choses sur des plus gros tournois. En 2007, j'ai principalement progressé au niveau du jeu. Je me suis senti plus solide, plus à ma place, plus serein quand j'entrais sur le terrain face à des adversaires de plus en plus forts. Tout est lié à la confiance. Au début, jouer des Top 10, ça impressionne toujours, c'est dur de gagner, on n'y croit pas toujours dans les moments importants. Mais à force d'affronter ces gars-là, et d'arriver à en battre certains, on se dit qu'on a le niveau. Cela encourage pour aller le plus loin possible dans chaque tournoi. J'ai battu quatre ou cinq joueurs dans les dix meilleurs, même si je sais que c'est très dur d'être constant sur toute une année. Je suis de plus en plus régulier, je vais donc continuer à travailler là-dessus. Je vais essayer maintenant de passer le plus de temps possible dans les grands tournois, comme en Grand Chelem...

Justement, dans les tournois du Grand Chelem, vous n'avez pas passé le cap du deuxième tour la saison passée avec des défaites contre Delic à l'Open d'Australie, Mathieu à Roland-Garros, Youzhny à Wimbledon et Verdasco à l'US Open. Où situez-vous le problème ?
Il n'y a aucun problème. Ce sont des tournois particuliers, plus durs à jouer, où tout le monde est extrêmement motivé. En n'étant pas tête de série à chaque fois, on prend une bonne tête de série dès le premier ou deuxième tour. C'est pas évident... J'ai eu des matches que je pouvais gagner cette année, mais je ne suis pas passé. Je pense à mon deuxième tour à Roland-Garros et Wimbledon. C'est là qu'il va falloir axer ma progression. Mais j'ai deux-trois clés qui vont me servir pour essayer d'aller le plus loin possible dans ces tournois

"Passer plus de tours en Grand Chelem"
C'est-à-dire ?
Je vais tenter de courir moins. J'ai un jeu de contreur à la base, en jouant plus loin derrière la ligne. Quand c'est en deux sets, ça passe, car je sais que j'ai le physique pour tenir et disputer cinq rencontres dans la semaine. Quand on joue en Grand Chelem, sur cinq sets, c'est beaucoup plus compliqué. Je me suis rendu compte que je ne pouvais pas aller loin en Grand Chelem en jouant comme je jouais. A Roland-Garros, je fais un match très dur au premier tour, ensuite au deuxième, je m'effondre un peu physiquement contre « Paulo » alors que je mène et que j'ai tout pour gagner. A Wimbledon, c'est un peu la même chose, je fais un match en cinq sets très dur au premier tour sur Cilic, derrière je perds 6-4 au cinquième sur Youzhny avec des douleurs un peu partout. Il faut arriver à courir le moins possible, en développant un jeu vers l'avant pour laisser le moins de force possible.

Vous avez atteint votre meilleur classement en 2007, avec une 29e place. En 2008, allez-vous encore voir vos objectifs à la hausse ?
L'objectif n'est jamais de se maintenir, ou de faire la même chose que l'année précédente. Mon but sera bien évidemment de gagner un ou deux tournois dans la saison, mais l'objectif principal sera de passer plus de tours dans les Grands Chelems. Sachant que j'ai le niveau pour défier ces joueurs-là, il n'y a pas de raison de ne pas continuer à progresser au classement. Je vais essayer de grimper aux alentours de la 15e place mondiale. Cela passera par des bons résultats dans les Masters Series et les Grands Chelems, où il va falloir être constant.

Vous êtes connus pour votre franc-parler. Est-ce selon vous un avantage ou un désavantage ?
Je ne sais pas, c'est juste une façon d'être. Quand je me sens bien et que je suis en confiance, je le dis. Et quand ça va moins bien et que je manque d'entraînement, je le dis aussi. J'essaie simplement de ne pas me cacher après une défaite en prétextant que j'ai toujours un pet de travers. Parfois, tout va bien avant le match, mais pendant ça ne se passe pas comme on veut. Le jour J, on peut jouer un peu moins bien, et si l'adversaire est très présent on prend un score un peu sévère. Dans ce cas-là, tout le monde vous demande ce qu'il s'est passé. C'est pas marrant... Mon objectif est de me rapprocher des 15 meilleurs du monde. Tant que je ne sens pas de limites dans mon jeu, j'ai envie de faire de belles choses. J'affiche simplement mes ambitions.

Pensez-vous qu'il existe une différence de mentalité entre les Français et les Américains par exemple ?
Un Américain qui dit: "Je veux être numéro 1 mondial", ça passe. Si un Français dit la même chose, on dit: "Lui, il s'enflamme." Aux Etats-Unis, si vous dites que vous voulez être 15e, on vous insulte presque ! On vous dit: "Pourquoi 15e ? Pourquoi pas 1er ?" C'est une différence de mentalité. Mais il faut savoir que tous les joueurs ont confiance en eux, parce que ce serait impossible d'entrer sur le terrain sinon. Le truc, c'est que certains le disent et d'autres pas. Moi, je pense que j'ai des objectifs raisonnables au vu de ma saison 2007. Si certains pensent que je ne peux pas y arriver, ce sera à moi de leur donner tort !

Publié dans Interviews

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